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Guerre d'Algérie: pourquoi briser le tabou ?

Guerre d'Algérie: pourquoi briser le tabou ?

Le président a reconnu la responsabilité de l’Etat dans la disparition il y a 61 ans du jeune mathématicien Maurice Audin.

En une journée, coup sur coup, Emmanuel Macron a adressé deux signaux à sa gauche longtemps négligée. Et quels signaux ! Huit milliards pour le Plan pauvreté, histoire de combattre un véritable fléau… et de tenter de se défaire de son étiquette de président des riches. Puis, quelques heures après son discours au musée de l’Homme, ce « pardon » adressé à la veuve du mathématicien Maurice Audin, communiste et militant pour l’indépendance algérienne, disparu il y a 61 ans à Alger après son enlèvement par l’armée française.

Le chef de l’Etat, dont les contacts avec la famille Audin remontent à la campagne de 2017, a ménagé l’effet de surprise pour ce dénouement, auquel l’Elysée travaille depuis de longs mois. A la veille de la Fête de l’Huma, le geste est d’autant plus symbolique.

Pour la première fois, un président pose des mots sur les actes de torture accomplis pendant la guerre d’Algérie par des militaires ou des policiers français. Dans une déclaration écrite remise à Josette Audin et à son fils Pierre, Macron évoque « un système institué sur un fondement légal : les pouvoirs spéciaux » dévolus aux forces de l’ordre. « Ce système, reconnaît-il, a été le terreau malheureux d’actes parfois terribles, dont la torture, que l’affaire Audin a mis en lumière ».

Si ce n’est pas reconnaître la responsabilité de l’Etat français… « Même si la phrase exacte n’y est pas, le sens y est », applaudit le mathématicien et député LREM Cédric Villani, très proche de la famille de Maurice Audin et qui a œuvré en coulisses à cette reconnaissance.

Pour Emmanuel Macron, cette opération vérité sur la guerre d’Algérie avait commencé par une déclaration hasardeuse, en pleine campagne présidentielle, sur « les crimes contre l’humanité » commis pendant la colonisation. Ces propos tenus à Alger avaient mis le feu en France. « Cela lui a bien montré à quel point il fallait faire attention au choix des mots. Dans cette déclaration, il a tenu compte de cela », décrypte Villani.

Guerre d'Algérie: pourquoi briser le tabou ?

Macron, premier président à être né après cette « sale guerre », veut s’attaquer aux « secrets de famille », comme il dit, qui rongent encore la société française comme un « poison ». Voilà pourquoi il annonce l’ouverture des archives de la guerre d’Algérie sur les milliers de disparus et lance un appel aux témoins qui ne se seraient jamais manifestés. Bien au-delà du cas Audin, souligne l’Elysée, l’objectif est de favoriser le travail des historiens et « de donner aux familles des disparus, des deux côtés de la Méditerranée, les moyens de savoir ce qui s’est passé ». Cela, insiste la présidence, « concerne tout le monde, civils, militaires, Algériens, Français ».

En retour, l’Elysée espère qu’Alger, avec qui les relations restent passionnelles, fasse aussi un geste sur ses propres archives et le retour des Harkis. Mais rien n’est moins sûr : à Alger, la génération de la guerre est toujours au pouvoir.

Et ce n’est pas fini. Un autre volet de cette opération visera les Harkis : des annonces sont attendues sur la question de l’indemnisation ainsi que des gestes symboliques sur les lieux de mémoire de cette communauté.

A l’évidence, Macron, à la manière d’un Chirac avec son discours du Vél d’Hiv, entend se poser en briseur d’un douloureux tabou mémoriel de notre histoire contemporaine.

Guerre d'Algérie: pourquoi briser le tabou ?
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