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Le retour de l'Empire ottoman: la religion contre la nation.

Le retour de l'Empire ottoman: la religion contre la nation.

L’échec des nationalismes basés sur la construction d’États-nations inspirés par le modèle jacobin français a laissé place à des États autoritaires qui n’apportaient plus de réponse aux aspirations à l’émancipation nationale, sociale, économique. Dans les années 70, alors que le gauchisme violent s’essoufflait ailleurs, ce que Maxime Rodinson a appelé un « avatar de gauchisme » s’est développé dans le monde musulman avec le justicialisme chiite qui a fourni les ingrédients nécessaires pour l’éclatement idéologique de la révolution iranienne. La révolution iranienne fut la première qui réussît à s’emparer du pouvoir mais elle n’était pas la première à engendrer ce processus d’idéologisation de la religion. Dès les XVIIIeme et XIXème siècles, les wahhabites, dont des idées salafistes s’inspiraient de Ibn Taymiyya, étaient déjà dans un processus d’idéologisation de la religion. Mais pour différentes raisons ils ne pouvaient pas dépasser le cadre communautaire ethnique. À l’intérieur même de l’Arabie saoudite ils étaient confinés à la région du Nadj, la région de Hejaz ne se laissant pas entraîner avec la même facilité dans cette idéologisation wahhabite. Mais après l’échec des idéologies nationales (nassérisme, régime du Shah d’Iran, régimes Syrien, Irakien…) on a assisté à une certaine forme de mouvement idéologique qui face à la violence de ces régimes se réfugiait dans le communautarisme religieux et tentait une lecture idéologique de la religion selon la méthode du marxisme-léninisme. Les livres de Marighella étaient traduits par les groupes islamistes iraniens qui s’en inspiraient. Ce mimétisme n’est pas seulement dû à un dynamisme de classe dans ces sociétés ni à la rudesse du sectarisme religieux. Il vient surtout de l’échec de l’achèvement du processus de construction des États-nations modernes et de la démocratisation de ces États.

Le retour de l'Empire ottoman: la religion contre la nation.

Quand on échoue à instaurer autoritairement un État-nation moderne, il ne reste sur les ruines que laisse cet État que les liens religieux, communautaires. Quand ces liens réussissent à se moderniser en s’idéologisant, quand ils parviennent à reconstituer les structures sociales anciennes, ils suscitent des phénomènes particuliers.
À propos du Liban on parle toujours du Hezbollah et de ses caractères chiites en oubliant les vingt années d’occupation israélienne et la militarisation, l’idéologisation et la radicalisation de la communauté libanaise qu’elle a provoquées.

De la même manière l’idéologisation des tribus pachtounes – idéologisation à laquelle elles n’étaient nullement prédisposées – était due à l’occupation soviétique, à la capacité de désorganisation des Américains et à l’argent saoudien. Ces trois ingrédients ont fait que la communauté pachtoune afghane s’est militarisée et idéologisée tandis que la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan était traversée avec une vitesse incroyable. Pendant cent cinquante ans, les Anglais avaient maintenu séparées par les frontières du nord-ouest les communautés pachtounes indo-pakistanaises (qu’on appelle aujourd’hui pakistanaises) et les communautés pachtounes de l’Afghanistan. Aujourd’hui, elles constituent un seul ensemble de 65 millions de personnes idéologisées et militarisées.

Le retour de l'Empire ottoman: la religion contre la nation.

L’analyse basée sur l’anthropologie essentialiste et l’étude des dogmes religieux est aussi inapte à expliquer ce problème que l’étaient il y a une trentaine ou une quarantaine d’années les kremlinologues qui brandissaient Marx et Engels pour essayer de comprendre ce qui se passait en Union soviétique… C’était tout à fait autre chose et d’autres éléments entraient en jeu.

Aujourd’hui s’est ajoutée à cette situation une certaine forme de rivalité des puissances régionales et locales et les frictions communautaires sont actualisées par les conflits frontaliers. En effet, il n’y a pas de conflit entre l’ensemble des communautés chiites et l’ensemble des communautés sunnites. Simplement les uns considèrent les autres comme des impies. De la même manière que les conflits communautaires religieux qui déchirèrent l’Europe sont aujourd’hui de lointains souvenirs.

L’Irak est devenu l’espace idéal pour l’explosion de ces conflits, cela grâce au Président Bush qui s’est cru autorisé par sa puissance de destruction à éliminer l’hégémonie sunnite léguée par l’empire ottoman en Irak. On a vu en Saddam Hussein un nationaliste arabe mais il était aussi le dernier général ottoman qui, à l’intérieur de la Mésopotamie, a imposé une certaine forme de domination sunnite turco-arabe tout en prétendant s’inspirer du modèle jacobin français pour construire un État-nation sans aucune démocratisation, sans aucun droit pour les minorités de toutes sortes. Et lorsque le pouvoir baasiste de Bagdad a disparu, on a assisté à l’éclatement communautaire (il en fut de même en Afghanistan, le nombre de Chiites tués par les bombes et les actions terroristes en Afghanistan et en Irak dépasse de loin tous les chiffres des pertes de cette période-là). Les épurations ethniques, l’éclatement de l’État irakien étaient inévitables. Le processus de construction de l’État-nation moderne et démocratique ayant échoué, chacun cherche protection ailleurs.
L'Etat Islamique est-il le dernier avatar d'une force ottomane dans la région?

On retrouve le même phénomène à Bahreïn où la communauté chiite qui constitue 70% de la population est une des plus éduquées, des plus démocratiques, du monde chiite.
Jusqu’aux années 1990, l’essentiel des cadres des mouvements de gauche au Liban, en Irak, étaient issus des communautés chiites et des autres minorités. C’était aussi souvent le cas en Afghanistan. Le dynamisme de la revitalisation du communautarisme religieuse a surgi quand il a été question de la survie communautaire.
Il est vrai que l’État iranien, après les fièvres religieuses, est revenu vers un processus de construction de l’État-nation, ce dont témoignent les dernières élections iraniennes. Si l’ayatollah Khamenei garde le titre de « Guide de la Révolution », M. Rohani incarne l’État de sorte que, au-delà du « thermidor », on est en train de résoudre le conflit entre l’État et la Révolution islamique en Iran. Mais cet État a des problèmes avec ses différentes communautés.

Cela ne suffit pas à expliquer le problème de l’Arabie saoudite.
L’idée centrale des printemps arabes était une certaine forme de revendication démocratique devant un pouvoir autoritaire qui arrivait au bout du rouleau.
Mais dans toute révolution un face à face oppose les partisans du statu quo et les partisans du mouvement. En Syrie, le pouvoir iranien, partisan du statu quo, soutient coûte que coûte Bachar el-Assad tandis que l’Arabie saoudite et le Qatar appuient à l’intérieur de la résistance syrienne les mouvements les plus religieux et les plus communautaristes, introduisant le conflit Chiites-Sunnites qui, si l’on considère la composition de la population syrienne, n’a pas lieu d’être. Les Chiites sont très peu nombreux en Syrie. Le fait de considérer les Alaouites comme des Chiites est une idée récente.

Aujourd’hui ce sont les nécessités tactiques et géopolitiques qui font que le pouvoir Iranien soutient le régime syrien.

Le retour de l'Empire ottoman: la religion contre la nation.
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