Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
decryptnewsonline.com

Decryptnewsonline est un blog d'information qui a pour objectif de promouvoir une information utile, autrement dit au service du peuple et non du grand capital, au contraire des média traditionnels. la liberté d’expression au plan démocratique, le respect de l’ensemble des religions, et de la justice.

Quel avenir pour le Somaliland ?

Quel avenir pour le Somaliland ?

Qui connaît le Somaliland ? Ce territoire logé dans les confins septentrionaux de la Somalie s’obstine depuis trente ans à prouver qu’il peut se frayer un destin pacifique et démocratique au milieu du chaos. L’ancien protectorat britannique, autoproclamé indépendant de la Somalie en 1991, n’a jusqu’à présent été reconnu par aucun autre Etat. Il reste officiellement une province autonome du pays formé avec la Somalie italienne le 1er juillet 1960, cinq jours après avoir dénoué les liens avec la puissance coloniale.

Sa trajectoire fait pourtant exception dans la Corne de l’Afrique, où régimes autoritaires et Etats faillis sont la norme. Jusqu’à présent, les émissaires du Somaliland ont toutefois toujours trouvé porte close. Les Occidentaux, pourtant attentifs à la consolidation de cette expérience démocratique – outre le Royaume-Uni, les Etats-Unis ont financé la mise à jour des listes électorales à partir d’un système d’identification biométrique par scan de l’iris –, se défaussent sur l’Union africaine (UA). L’organisation continentale ne se montre pas davantage disposée à s’engager sur ce dossier. La candidature du pays, déposée en 2005, pour devenir un Etat membre de l’UA est restée lettre morte.

Avec son administration, son armée et son drapeau, le Somaliland fait ainsi partie de ces Etats de facto (de fait) par opposition aux Etats de jure (de droit) qui jouissent de l’onction des autres Etats et des Nations unies. Ce statut de passager clandestin ne l’empêche pas d’entretenir des relations avec certains bailleurs de fonds bilatéraux et des agences d’aide onusiennes, dont les enseignes bordent les rues de la capitale, Hargeisa, pour faire la publicité des quelques projets financés par des subsides étrangers. Le Royaume-Uni a ouvert des bureaux de représentation. L’absence de statistiques distinctes dans les registres de l’aide internationale rend difficile une évaluation précise de ce soutien. Au mieux, il atteindrait une centaine de millions de dollars sur le gros milliard annuel accordé à Mogadiscio depuis 2010.

Le 18 mai, le Somaliland fêtera ses trente ans d’indépendance vis-à-vis de la Somalie. L’occasion de raconter au monde, pour une fois, une success-story à l’africaine (elles sont assez rares pour qu’on en parle). L’histoire d’un pays qui compte toujours parmi les plus pauvres d’Afrique, c’est vrai, mais qui est devenu l’un des plus sûrs et des plus pacifiques du continent. Ce n’est pas simplement un pays jeune, c’est également une expérience unique en son genre. Car, contrairement à beaucoup d’autres en Afrique, le pays a été ignoré, occulté. Pas seulement par les chefs d’État, mais aussi par l’aide au développement. Le pays se porte-t-il donc si bien que ça, malgré l’absence d’aide ? Ou bien justement grâce à l’absence d’aide ? Cet État en est-il seulement un ?

Pour le monde, en effet, la République n’existe pas, alors qu’elle a ses propres frontières et sa propre monnaie, le shilling du Somaliland. Seuls Taïwan et Coca-Cola font exception : Taïwan [un territoire lui-même isolé sur la scène internationale] s’est doté d’une représentation à Hargeisa, et Coca-Cola possède une usine d’embouteillage sur place. Le Somaliland peut importer tous les produits qu’il veut, du moment qu’il paie. Pour exporter, en revanche, c’est une autre paire de manches, car il doit respecter les règles qui ont été négociées pour la Somalie. Le poisson, par exemple, ne peut pas être exporté sous l’estampille “Origine Somaliland”, mais uniquement sous l’appellation d’origine du voisin mal-aimé.

On compte dans le monde une demi-douzaine de “non-États” qui se considèrent eux-mêmes comme des États indépendants mais qui, pour le reste du monde, font partie intégrante d’un autre État. Ils ne délivrent pas de passeports valides et ne peuvent adhérer à aucun traité commercial. Ils ne peuvent pas entrer aux Nations unies ni participer aux Jeux olympiques sous leurs propres couleurs. Le Somaliland a beau avoir de jolies plages et des peintures rupestres, les touristes n’y viennent pas, les gouvernements britannique et américain l’ayant rangé, avec la Somalie, parmi les pays dans lesquels il est vivement déconseillé de se rendre. La destinée du Somaliland est donc de ne pouvoir compter que sur lui-même, mais sans jamais être indépendant.

Le Somaliland, qui s'est autoproclamé en 1991 république indépendante de la Somalie, figure parmi l'un des Etats les plus pauvres de la planète. « Mais, comparé à la Somalie voisine, ce pays a connu un véritable boom », écrit le « Spiegel », en citant l'installation à Hargeisa de pizzerias, de restaurants de burgers, de cafés, et même d'un Ikea.

Quel avenir pour le Somaliland ?

Le gouvernement fait preuve d'une relative transparence sur les comptes publics et les transitions politiques se font d'une façon ordonnée, explique le magazine. A côté, la Somalie est un Etat failli de la Corne de l'Afrique, où pullulent pirates et groupes terroristes. Une faillite qui n'a pas été empêchée par les milliards de dollars d'aide internationale.

C'est peut-être la quasi-absence d'aide financière extérieure, faute d'être reconnu par les organisations multilatérales, qui a obligé le Somaliland à se reconstruire seul . Le pays a dû créer un système fiscal pour financer ses dépenses publiques. Pour le magazine allemand, un citoyen payant des impôts s'intéresse plus à la conduite de l'Etat, « ce qui tend à la fois à renforcer la démocratie et à réduire la corruption ».

A la différence de nombre de pays soutenus par les aides extérieures, le Somaliland avec ses quelque 3,5 millions d'habitants a dû développer ses propres institutions dans la santé, l'éducation ou les services sociaux. L'autre explication de cette réussite : le retour des exilés qui ont dû fuir la guerre des années 1990. Edna Adan Ismaïl, qui fut ministre des Affaires étrangères et qui, à quatre-vingt-trois ans, est toujours active dans des oeuvres sociales après avoir fait construire un hôpital, est l'un des exemples de ce retour d'exilés, avec de l'argent, de l'expérience et une vision. Comme le dit un expert de l'université de Hargeisa, les gens croient dans ce pays. Une réussite qui fait réfléchir.

Quel avenir pour le Somaliland ?
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article