A l’origine: les résultats obtenus par l’usage d’une simple application, et passés pratiquement inaperçus jusque-là. L’entreprise Strava utilise des données recueillies par GPS pour localiser, et enregistrer, les mouvements de ses utilisateurs afin de visualiser ainsi, par exemple, les parcours de leur jogging quotidien. En novembre dernier, se basant, disait-elle, sur un milliard de données, l’entreprise a établi une carte mondiale des routes empruntées par ses millions d’utilisateurs.
Si les Etats-Unis, l’Europe de l’Ouest et le Japon brillent de mille feux en raison du nombre de coureurs et de cyclistes, le Moyen-Orient a des allures de désert sur cette carte, tout comme le reste de l’Asie, l’Afrique et une bonne partie de l’Amérique latine. Mais c’est en zoomant sur la région qu’apparaît la surprise, puisque la carte semble ainsi se transformer en celle des bases américaines présentes dans la région. Aux installations dont l’existence est connue et publique s’ajoutent aussi d’autres points épars, qui paraissent concerner des activités plus secrètes des forces américaines.
A peine dévoilée la découverte, le week-end dernier, les réseaux sociaux se sont mis en chasse. Au sud de la ville irakienne de Mossul? Une demi-douzaine de cercles lumineux qui semblent démontrer la présence de joggers assidus, et connectés via leur téléphone. Le même type de signal est perçu par exemple à Tanf, dans le sud de la Syrie, où une poche de la rébellion syrienne fait face aux positions de l’armée gouvernementale. Ou encore dans le sud du Yémen, dans la partie du pays que contrôle la coalition internationale menée par l’Arabie saoudite. Des concentrations lumineuses comparables, et qui seraient inexplicables autrement que par la présence américaine, sont aussi visibles ailleurs, comme en Libye, à Djibouti ou au Niger.