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Corée du Nord: une détente sans avenir ?

Corée du Nord: une détente sans avenir ?

Mardi 12 juin aura lieu à Singapour la rencontre très attendue entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Lors de ce sommet, le tout premier de l’histoire des États-Unis et de la Corée du Nord, les deux hommes discuteront dénucléarisation et fin officielle de la guerre de Corée. En Corée du Nord, les médias officiels ont largement couvert les deux sommets de Kim Jong-un avec le président sud-coréen, ainsi que la visite du secrétaire d’État américain Mike Pompeo à Pyongyang, ce qui soulève l’intérêt intense de la population. La détente amorcée en janvier fascine en effet les Nord-Coréens.

"Les Nord-Coréens que j'ai rencontrés semblent penser qu'organiser ces sommets est une bonne décision, rapporte Ian Bennett, de l’ONG d’aide au développement Choson Exchange, de retour de d’un séjour à Pyongyang. Quand la visite à Pyongyang de Mike Pompeo a été annoncée, j'ai vu les gens s'amasser en grand nombre devant les journaux et les photos de la rencontre. Ils n’arrivaient pas à y croire !" "Parce que c’est nouveau, continue l'historien. La dernière visite de cette ampleur était celle de l’ex-secrétaire d’État Madeleine Albright en 2000..."

Les Nord-Coréens ordinaires pensent qu'un véritable changement est en train de se produire, que tout ça, ce ne sont pas que des mots.

Kang Mi-jin est une réfugiée nord-coréenne devenue journaliste pour le site Daily NK, basé à Séoul. Elle maintient un contact très régulier avec des sources en Corée du Nord et indique qu’après le premier sommet entre les deux Corées, beaucoup de Nord-Coréens se sont mis à espérer : "Ils espèrent une vie meilleure, explique-t-elle, et même une réunification. Si jamais le rapprochement se poursuit. Ils rêvent des choses positives comme cela. Moi-même, je veux être un peu optimiste. Parce que Kim Jong-un a pris des décisions vraiment sans précédent."

Ian Bennett, de l’ONG Choson Exchange, organise à Pyongyang des séminaires sur le commerce et l’économie de marché. Y participent des petits entrepreneurs nord-coréens, une classe émergente qui rêve d’ouverture économique, selon lui : "Il y a au Nord une importante classe moyenne qui se développe, explique Ian Bennett. Et elle a besoin d’être écoutée. Si elle est en faveur du commerce, alors le régime le remarquera. Et si cette classe demande davantage d'investissements venus de l'étranger, ce sera pris en compte dans les décisions de son gouvernement."

Le président américain Donald Trump a d’ailleurs fait miroiter au régime investissements et essor économique, mais il en faudra sans doute davantage pour convaincre Kim Jong-un de renoncer au nucléaire. Aussi historique soit-il, le sommet de Singapour entre Donald Trump et Kim Jong-un pourrait n'aboutir qu'à une vague déclaration de principes, les conditions principales de la dénucléarisation restant à établir lors de négociations ultérieures. «Nous allons entamer un processus», «nous n'allons pas signer quelque chose le 12 juin», «je n'ai jamais dit que ce serait réglé en une réunion», a d'ailleurs prévenu Donald Trump avant la rencontre prévue mardi. Le président américain en a sans doute conscience: le plus dur reste à faire. D'autant que ce ne serait pas la première fois que la Corée du Nord renonce à son programme nucléaire.

Au printemps 1994, la tension est à son comble. Pyongyang vient d'annoncer avoir extrait dans sa centrale nucléaire à Yongbyon 8000 barres de combustible irradié, de quoi fabriquer quatre à huit bombes nucléaires. L'AIEA soupçonne depuis longtemps la Corée du Nord d'y dissimuler un programme de nucléaire militaire. Aux yeux de Washington, une ligne rouge est franchie. Une réunion est convoquée le 15 juin à la Maison-Blanche. Toutes les options sont sur la table. Parmi elles, une frappe préventive contre l'installation de Yongbyon. «Je crois que cela aurait certainement donné lieu à une guerre», estimera plus tard Robert Gallucci qui suit alors le dossier nord-coréen pour le département d'État.

Le salut viendra d'un coup de téléphone de Jimmy Carter. L'ancien président se trouve au même moment en Corée du Nord à l'invitation de Kim Il-sung. Il a réussi à obtenir de son hôte le gel du programme nucléaire militaire et le démantèlement du site de Yongbyon. La Corée du Nord en tire plusieurs contreparties: la levée des sanctions, la normalisation des relations avec les États-Unis, la livraison de 500.000 tonnes de fioul lourd par an, la construction à l'horizon 2003 de deux réacteurs à eau légère, ne pouvant pas servir à des fins militaires. Cet «Agreed Framework» ou accord-cadre est paraphé à l'automne. Seulement, aucun parti n'honorera ses engagements et la construction des deux réacteurs n'aboutira jamais.

L'accalmie ne sera finalement que de courte durée. Quatre ans après la signature de cet accord-cadre, la Corée du Nord provoque un nouveau coup de chaud sur la scène internationale quand, en août 1998, elle teste au-dessus de la mer du Japon un missile balistique de moyenne portée, le Taepodong-1. Pyongyang assure qu'il s'agissait seulement du lancement d'un satellite. Sur pressions internationales, Kim Jong-il acceptera un plus tard de déclarer un moratoire sur ses essais de missiles. De son côté, Washington décide un allègement des sanctions pesant sur le royaume ermite. Le climat est propice à un nouveau rapprochement.

Corée du Nord: une détente sans avenir ?

Dès l'année suivante, dans la foulée d'un premier sommet intercoréen, le climat s'avère favorable à la conclusion d'un nouvel accord. Le numéro deux du régime nord-coréen, est même reçu par Bill Clinton à la Maison-Blanche. La secrétaire d'État, Madeleine Albright, se rend à son tour à Pyongyang pour jeter les bases de cet accord. Le président envisage lui-même d'aller sur place d'ici la fin de son mandat. Ce voyage n'aura pas lieu. Dix jours après le retour de Madeleine Albright aux États-Unis, les Américains portent George W. Bush à la Maison-Blanche. Rapidement, le royaume ermite intègre le fameux «axe du mal». Accusant la Corée du Nord de ne pas le respecter, le nouveau président déclare caduque l'accord-cadre de 1994.

En 2003, la Corée du Nord se retire du Traité de non-prolifération. Un nouveau format de discussions émerge sous l'égide de Pékin: les pourparlers à six. Se retrouvent autour de la table les deux Corées, la Chine, les États-Unis, la Russie et le Japon. Les négociations achopperont plusieurs fois. En 2005, à l'issue d'un quatrième round de négociations, un accord semble par exemple en vue. Le 19 septembre, Pyongyang s'engage à revenir dans le giron du traité et à renoncer à ses opérations nucléaires. Le lendemain, la Corée du Nord met la livraison des réacteurs à eau légère dans la balance. Kim Jong-il conduira son premier essai nucléaire l'année suivante.

Un accord sur le désarmement de Pyongyang est à nouveau obtenu en 2007. Le régime accepte cette fois de fermer son principal réacteur nucléaire à Yongbyon sous 60 jours dans le cadre d'un plan visant à mettre un terme à son programme d'armes atomiques. En contrepartie, elle doit recevoir en guise d'aide un million de tonnes de pétrole. L'année suivante, afin de prouver sa bonne foi, la Corée du Nord fait détruire, devant des médias étrangers réunis pour l'occasion, la tour de refroidissement de Yongbyon. Seulement Pyongyang claquera ensuite la porte des pourparlers en 2009 avant de, un mois plus tard, conduire son deuxième essai nucléaire. Le site de Yongbyon a, lui, été relancé en 2015.

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