12 Mars 2019
Neuf Soudanaises ont été condamnées samedi à un mois de prison et 20 coups de fouet pour avoir participé à une manifestation antigouvernementale non autorisée à Khartoum, a indiqué à l'AFP l'avocate de la défense.
Ces condamnations ont été prononcées par un tribunal d'exception de Khartoum au lendemain de l'ordre, donné aux services de renseignement par le président Omar el-Béchir de libérer toutes les femmes détenues pour avoir participé depuis décembre aux protestations contre son régime.
Les autorités soudanaises ont créé ces tribunaux d'exception pour juger toute personne ayant violé l'état d'urgence après son instauration par le président, dans tout le pays et pour une durée d'un an, le 22 février. Ces mesures visent à mettre un terme à la contestation, déclenchée par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain et durement réprimée.
Les neuf femmes ont été conduites devant le tribunal d'exception de la capitale, après avoir été arrêtées jeudi pour avoir participé plus tôt dans la journée à une «manifestation interdite» dans le quartier de Burri, lieu de rassemblements réguliers depuis décembre.
Les neuf femmes condamnées «ont été emmenées à la prison pour femmes d'Omdourman», ville voisine de Khartoum, a affirmé à l'AFP l'avocate Enaam Atieg, ajoutant qu'elle fera appel du verdict dimanche. «Leurs avocats ayant fait pression sur le tribunal, celui-ci n'a pas encore fait appliquer les peines de flagellation», a indiqué l'Alliance démocratique des avocats dans un communiqué.
Des militants et ONG de défense des droits humains soutiennent que l'application de la charia (loi islamique) stigmatise les femmes au Soudan et affirment que plus de 15.000 femmes ont été condamnées à la flagellation en 2016, en application de lois controversées sur l'ordre public.