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Alger - Paris : la guerre télévisuelle ?

Alger - Paris : la guerre télévisuelle ?

L’annonce est tombée mercredi 27 mai dans la soirée. « L’Algérie a décidé de rappeler immédiatement en consultation son ambassadeur en France », a fait savoir le ministère des affaires étrangères algérien dans un communiqué. En cause : la diffusion, la veille au soir, de deux documentaires consacrés au Hirak, le mouvement de contestation populaire qui secoue l’Algérie depuis février 2019 et a notamment conduit à la démission du président Bouteflika, au pouvoir depuis 1999.

La chaîne France 5 proposait Algérie, mon amour, de Mustapha Kessous, réalisateur et journaliste au Monde, qui donnait la parole à cinq jeunes Algériens âgés de 20 à 29 ans. Sa diffusion a agité les réseaux sociaux. Certains internautes dénonçant une image « réductrice » du Hirak et la « non-représentativité » des interviewés. D’autres s’étonnant d’un tel tollé et rappelant qu’un mouvement populaire de cet ordre n’a pas de représentants désignés. Après la diffusion du film, plusieurs intervenants ont subi une campagne de harcèlement en ligne et affirmé avoir dû désactiver leurs comptes sur les réseaux sociaux. « Je savais que ça ferait polémique, mais je n’aurais jamais imaginé que les réactions prennent une telle ampleur. C’est du lynchage », regrette un proche d’un des intervenants.

Le même soir, la chaîne LCP proposait Algérie : les promesses de l’aube, un film de Julie Peyrard et Sonia Amrane, également consacré au Hirak, dont la première diffusion avait eu lieu sur Arte, en juin 2019. Elles y décryptent quatre mois du mouvement de protestation en donnant la parole à des citoyens et à des intellectuels algériens.

Alger - Paris : la guerre télévisuelle ?

La concomitance des deux diffusions n’a pas été du goût des autorités à Alger. Pour le ministère des affaires étrangères algérien, le « caractère récurrent de programmes diffusés par des chaînes de télévision publiques françaises (…), en apparence spontanés et sous le prétexte de la liberté d’expression, sont en fait des attaques contre le peuple algérien et ses institutions, dont l’ANP [armée nationale populaire] ». Dans son communiqué, le ministère dénonce « cet activisme où l’inimitié le dispute à la rancœur, dévoile les intentions malveillantes et durables de certains milieux qui ne souhaitent pas l’avènement de relations apaisées entre l’Algérie et la France, après cinquante-huit ans d’indépendance ».

« Si les autorités ont réagi, ce n’est pas pour la politique extérieure, mais bien pour l’opinion intérieure. C’est du populisme », estime Abderrahmane, 37 ans, proche du milieu du cinéma algérien. Il affirme ne pas être surpris par cette réaction, mais il s’inquiète de celle des internautes : « Cette violence sur les réseaux sociaux, c’est la même que celle dirigée contre ceux qui avaient voté lors de l’élection présidentielle du 12 décembre [boycottée par une importante partie de l’électorat et qui a abouti à l’élection du président Abdelmadjid Tebboune]. Finalement, le Hirak est comme un Dieu, on ne peut pas le critiquer. »

Le rappel de l’ambassadeur algérien à Paris intervient dans un contexte de tensions persistantes en Algérie. Si les grandes manifestations organisées chaque vendredi se sont arrêtées du fait de l’épidémie de Covid-19, les attaques contre des opposants, des journalistes, de jeunes internautes critiques du pouvoir, n’ont, elles, pas cessé.

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